Introduction
La peur de l'abandon se manifeste sous la forme d’un mal-être diffus. On craint simplement d’être rejeté ou délaissé par notre partenaire.
Comme nous allons le voir dans cet article, ce mal-être et cette crainte reposent le plus souvent sur des peurs projectives plutôt qu’objectives. C’est-à-dire des peurs sans fondements réels, mais qui ont davantage à voir avec des angoisses plus profondes et surtout internes. Ces angoisses sont plus ou moins conscientes. Mais elles sont toujours liées notre relations aux autres, et plus précisément à l’histoire de nos relations d’attachement depuis l’enfance.
Or vivre dans la perpétuelle appréhension de la rupture n'est pas sans conséquences, particulièrement dans les relations amoureuses, où cette peur peut parasiter et paralyser le couple. Entre la peur de la solitude, du rejet, et l'incapacité à croire au bonheur, cette anxiété peut déclencher des disputes voire une jalousie délétère pour la confiance au sein du couple.
Dans cet article, nous explorons les origines profondes de notre peur de l’abandon, et découvrons comment surmonter cette angoisse qui ruine bien des relations.
1. D’où vient notre peur de l’abandon ?
La peur de l'abandon remonte souvent à la prime enfance, où les expériences de séparation ou de rejet peuvent laisser des cicatrices émotionnelles profondes. Pour certains, cela peut résulter d'un abandon réel, comme le départ d'un parent qui ne donne ensuite plus de nouvelles. Ou encore une négligence affective, soit bien réelle, soit simplement ressentie. Pour d'autres, cette peur peut découler d'un sentiment subjectif d'abandon, même en présence physique des figures d'attachement.
Car oui, les interactions précoces avec nos parents jouent un rôle crucial dans le développement de nos schémas d’attachement dits “sécure”, “ambivalent” ou “anxieux”.
Les schémas relationnels formés durant cette période peuvent influencer la façon dont une personne perçoit et interagit avec les autres tout au long de sa vie. Ainsi, les blessures émotionnelles non résolues de l'enfance peuvent se manifester sous forme de peur de l'abandon dans les relations interpersonnelles à l'âge adulte.
2. Comment reconnaître une personne abandonnique ?
Deux profils distincts se dégagent principalement : certains, bien qu’ayant peur de l’abandon, s'engagent néanmoins dans des relations amoureuses, mais avec une anxiété latente qui leur pèse. D'autres, à l'opposé, optent simplement pour l'évitement. Ils ont tendance à saborder d’eux-mêmes leurs relations parce qu’ils ont trop peur d'être abandonnés.
Si vous vous interrogez sur votre propre situation, plusieurs signes peuvent attirer votre attention :
- Vous cherchez à satisfaire vos partenaires à tout prix, même quand vous sentez que cela vous mets dans une position délicate, voire un peu humiliante.
- Vous entretenez souvent des relations dysfonctionnelles ou déséquilibrées, dans lesquelles vous êtes affectivement plus dépendant de l’autre.
- La confiance en l’autre est difficile pour vous, et vous ressentez assez facilement et rapidement une sensation de trahison.
- Les relations à long terme vous posent problème, et il vous arrive de saboter délibérément vos nouvelles relation, prétextant que vous n’êtes pas prêt(e).
- Vous enchaînez rapidement d'une relation à une autre.
- Un sentiment d'insécurité caractérise vos relations amoureuses et amicales.
- Vous ressentez fréquemment le besoin d'être rassuré.
- Des épisodes de désir de contrôle, d'expression de jalousie, ou de manifestation de possessivité surviennent chez vous.
3. Comment se manifeste la peur de l’abandon
Sur le plan émotionnel, la peur de l’abandon peut se traduire par une estime de soi fragile, un manque de confiance en soi et des doutes incessants quant à la solidité des liens affectifs.
Une personne abandonnique ressent une angoisse constante, alimentée par des scénarios imaginaires de séparation ou de rejet. Sur le plan relationnel, cette peur peut donner lieu à une dépendance affective, caractérisée par le besoin constant de rassurance et d'attention de la part des autres, ce qui peut parfois devenir difficile à gérer pour les partenaires.
Parallèlement, la peur de l'abandon peut également s'exprimer à travers des comportements de contrôle, de jalousie excessive, voire de manipulation, dans une tentative désespérée de prévenir toute forme de rupture.
Ainsi, sans dire que toutes les personnes méprisantes sont des personnalités abandonniques, celles-ci se protègent souvent de l’être aimé par qui elles ont peur d’être quittées, en le dénigrant, en cherchant à le contrôler, voire en prenant de la distance. Comportements inélégants s’il en est, mais qui, paradoxalement, expriment dans ce cas précis tout le contraire de ce qu’ils signifient vraiment.
4. Quelles sont les conséquences de la peur de l’abandon sur la relation ?
Ces émotions et comportements complexifient la construction et le maintien de relations saines.
Surtout, ils peuvent conduire à des disputes fréquentes, à un sentiment d'étouffement, voire à un éloignement progressif.
En fin de compte, la peur de l'abandon a le potentiel de paralyser le développement de la relation. Elle crée un cercle vicieux où l'anxiété renforce les comportements néfastes, compromettant ainsi la santé et la stabilité du couple.
5. Comment surmonter la peur de l’abandon ?
Au fond, comme pour toute peur, le seul moyen de la dépasser, c’est de l’affronter.
- Accepter : tout d'abord donc, reconnaître et accepter sa peur de l’abandon, réfléchir à ses origines, est crucial. L'exploration de ces sentiments et mémoires du passé, avec un thérapeute, peut fournir un espace sûr pour comprendre et traiter sa peur de l’abandon.
- Développer son autonomie émotionnelle : En parallèle, il est bénéfique de développer son autonomie émotionnelle et sa confiance en soi. Il faut se concentrer sur le renforcement de son estime personnelle et de son identité, indépendamment de notre relation aux autres. Se poser la question : ”qui je suis, moi, sans les autres ?”
- Gérer sa peur : Apprendre à gérer ses pensées anxieuses par des techniques de relaxation et de pleine conscience peut également aider à réduire l'impact de la peur de l'abandon sur le bien-être mental. Pour réduire aussi les symptômes physiologiques de cette angoisse.
- Cultiver des relations saines et sécurisantes, basées sur la communication ouverte, la confiance mutuelle et le respect des limites personnelles, contribuera forcément à renforcer un sentiment de sécurité et de stabilité émotionnelle. Cela vous rendra moins vulnérable et vous aidera à vous projeter positivement dans votre couple.
- Enfin, le plus utile pour sortir de la peur de l’abandon, c’est au fond de réaliser que ce n’est pas notre goût conscient, mais notre inconscient qui nous mène vers les mauvaises personnes (celles qui nous rejettent et reproduisent ce schéma de notre enfance, ce schéma qui est la première forme d’attachement qu’on a connue). Quand on réalise que ce qui nous attire chez l’autre (à travers son rejet), c’est la recherche du connu plutôt que la recherche du positif, cela aide à prendre du recul.
Conclusion
En conclusion, la peur de l'abandon peut être une force puissante et parfois dévastatrice, qui peut mettre à mal une relation de couple à laquelle on tient pourtant plus que tout.
Mais on peut en sortir.
La construction de relations saines basées sur une communication ouverte, sur la confiance et le respect des limites personnelles, offre un moyen de réduire sa peur de l'abandon.
En reconnaissant et en affrontant sa peur avec sincérité, et avec le support de l’autre, aussi bien nos amis, notre partenaire qu’un professionnel, il devient possible de libérer nos relations du poids de l'anxiété, favorisant ainsi l'épanouissement personnel et la construction de liens durables et équilibrés, au-delà des schémas inconscients que nous avons tendance à reproduire.