L’attachement
L’attachement est un lien affectif. Il se développe dès les premiers instants de la vie entre l’enfant et une « figure d’attachement », c’est-à-dire une personne qui prend soin de lui. Il peut s’agir d’une figure parentale, généralement la mère ou le père, ou bien toute personne qui prend soin de l’enfant et s’investit émotionnellement dans la relation avec lui.
Ce lien entre l’enfant et sa figure d’attachement se développe de manière plus ou moins sécurisée. Cela dépend de ce que Mary Ainsworth nomme « l’accordage », entendre par là la cohérence entre les besoins de l’enfant (besoins de réconfort, de proximité et d’exploration) — et les réponses émotionnelles et comportementales de la personne qui s’occupe de lui. Plus la personne qui s’occupe de l’enfant se montre sensible, chaleureuse, constante et cohérente, plus le lien d’attachement est sécure. À l’inverse, une personne se montrant rejetante, inconstante, absente, incapable d’apaiser l’enfant, favorisera chez l’enfant un style d’attachement anxieux, évitant ou désorganisé.
Les styles d’attachement amoureux.
Voyons cela dans le détail.
L’attachement sécure
Le style sécurisé est considéré comme le type d’attachement le plus sain.
L’attachement sécure se développe chez un enfant lorsque ses parents ou figures d’attachement lui offrent un environnement stable et sécurisant. Un parent favorisant cet attachement remplit quatre rôles clés :
- La force : le parent est le garant d’une sécurité physique pour son enfant,
- La sagesse : le parent adopte une vision réaliste et positive du monde, accompagne son enfant en posant sur lui un regard d’adulte et adapté
- Sécurité affective : le parent offre un refuge émotionnel à son enfant en cas de détresse,
- Soutien : le parent soutient son enfant dans le développement de son individualité et son exploration du monde extérieur.
Ces qualités permettent à l’enfant de demander de l’aide lorsqu’il en a besoin et de se sentir en sécurité pour explorer et comprendre ses expériences et émotions, développant ainsi une capacité à interpréter et à relier les événements à ses ressentis.
Les personnes avec un style d’attachement sécure ont tendance à avoir une vision positive d’elles-mêmes et des autres. Elles se sentent à l’aise avec l’intimité et n’ont peur ni de la proximité émotionnelle ni de l’abandon. Elles font confiance à leur partenaire et sont capables de compter sur lui sans être trop dépendantes pour autant.
Dans une relation amoureuse, une personne avec un attachement sécure sera généralement ouverte à la communication, capable de gérer les conflits de manière constructive et de respecter les besoins et les limites de son partenaire. Elle est également capable de maintenir un équilibre sain entre indépendance et intimité.
L’attachement insecure / anxieux
Une personne avec un attachement anxieux ressent un besoin constant de proximité et de réassurance pour apaiser son anxiété. Ce besoin s’explique par une enfance marquée par l’instabilité et l’absence de soutien permanent de ses parents, ce qui a conduit à une dépendance affective à l’âge adulte.
L’enfant, n’ayant pas vécu suffisamment d’expériences sécurisantes, développe en effet une stratégie d’hyperactivation de son système d’attachement pour attirer l’attention de ses figures d’attachement. Ce comportement, souvent hérité de parents eux-mêmes anxieux, se traduit par une anxiété accrue, une ambivalence dans les relations, une forte dépendance affective, et une tendance à amplifier les aspects négatifs tout en minimisant les positifs. En situation de stress, ces traits se renforcent, menant à des reproches fréquents et à une faible estime de soi.
Les individus avec un style d’attachement anxieux ont souvent une vision négative d’eux-mêmes et une vision positive des autres. Habitués dès l’enfance à l’inconstance de leur figure d’attachement, ils sont très sensibles au rejet et ont constamment peur de l’abandon. Ils se montrent excessivement dépendants, demandant une réassurance constante de la part de leur partenaire, ce qui peut créer des tensions et du stress dans la relation. Ils recherchent constamment l’approbation et la validation de leur partenaire.
Dans les relations, les personnes anxieuses peuvent paraître possessives ou collantes. Elles ont fondamentalement peur que leur partenaire ne les aime pas autant qu’elles les aiment.
L’attachement évitant
L’enfant insécure évitant développe un mécanisme de défense qui l’amène à se détacher émotionnellement de lui-même et des autres pour se protéger, surtout dans un environnement où les émotions sont peu valorisées. Souvent, ces enfants ont grandi avec des parents physiquement et psychiquement absents ou rejetants, ne recevant ni réconfort ni soutien lors de moments de stress.
En conséquence, ils apprennent à minimiser leurs émotions et besoins relationnels, adoptant un comportement d’évitement semblable à celui de leurs figures d’attachement. Cette stratégie, transmise d’une génération à l’autre, crée une atmosphère familiale de contrôle émotionnel rigide. Les enfants évitants, en grandissant, peuvent développer de l’anxiété, une faible estime de soi, un détachement émotionnel, et une tendance à minimiser leurs besoins affectifs et relationnels.
À l’inverse des personne sécurisées, les personnes ayant un style d’attachement évitant ont une vision positive d’elles-mêmes, mais une vision plus mitigée, méfiante des autres. Les personnes au style d’attachement anxieux ont très tôt appris que leurs besoins ne seraient pas souvent pris en compte et qu’il devaient se débrouiller seuls. Concentrées sur leur activité davantage que sur la relation, elles valorisent leur indépendance et peuvent se sentir mal à l’aise avec une proximité trop grande ou une intimité émotionnelle intense. Elles ont tendance à éviter les attachements émotionnels profonds, ou à chercher des partenaires fiers et indépendants, de peur de perdre leur autonomie.
Dans une relation, une personne avec un attachement évitant peut sembler distante ou détachée. Elle peut avoir des difficultés à exprimer ses émotions et à s’ouvrir à son partenaire. Ce style d’attachement peut rendre les relations amoureuses complexes, car il peut créer une barrière émotionnelle qui empêche une connexion profonde.
L’attachement désorganisé
L’attachement désorganisé est un mixte entre les styles anxieux et évitant. Ce type d’attachement se caractérise par des émotions imprévisibles et chaotiques, alternant entre une hyperactivation émotionnelle et comportementale de leur système d’attachement (attachement anxieux), et au contraire une désactivation émotionnelle et comportementale de leur système d’attachement (attachement évitant).
L’attachement désorganisé chez l’enfant est principalement dû à des comportements parentaux incohérents et perturbants, souvent marqués par la peur et des traumatismes non résolus chez le parent.
Contrairement aux autres types d’attachement anxieux, où l’enfant peut adopter une stratégie prévisible face aux comportements parentaux, l’attachement désorganisé se développe lorsque l’enfant perçoit son parent comme une source de sécurité mais aussi de peur. Cette contradiction découle de signaux confus de la part du parent, qui peut à la fois essayer de réconforter son enfant, à la fois manifester des réactions de peur, de colère ou de dissociation face aux besoins de son enfant.
Les traumatismes non résolus chez le parent, comme la perte d’un proche ou des expériences traumatiques, influencent négativement leur capacité à répondre aux besoins de l’enfant de manière cohérente. L’enfant ne parvient pas à trouver une stratégie stable pour interagir avec son parent, ce qui engendre une confusion et des comportements désorganisés, à la fois évitants et anxieux.
L’enfance des personnes au style d’attachement désorganisé se peut aussi être marquée par un renversement des rôles entre le parent et l’enfant. Dans ces situations de « parentification », l’enfant prend soin ou bien cherche à contrôler ses parents. Ses parents se montrent instables et incapables de s’occuper d’eux-mêmes, encore moins de leur enfant. L’enfant développe alors un comportement de soin, ou bien contrôlant voire dégradant à l’égard de son parent pour contrôler son environnement parental qui, sinon, serait stressant.
Les individus avec ce style d’attachement peuvent avoir des comportements imprévisibles dans les relations amoureuses. Ils peuvent éprouver des sentiments contradictoires, tantôt de désir de proximité, tantôt de peur de l’intimité ou de la proximité. Ils montrent une flexibilité et une adaptabilité limitées, alternant entre des crises de colère et des phases de mutisme ou d’isolement.
Ces personnes ont souvent du mal à se sentir en sécurité dans leurs relations. Elles peuvent éprouver des difficultés à faire confiance à leur partenaire et peuvent avoir des réactions émotionnelles intenses et désordonnées face aux conflits ou à l’incertitude relationnelle.
Conclusion
En prenant conscience de notre propre style d’attachement et de celui de notre partenaire, nous pouvons mieux comprendre les dynamiques de notre relation et travailler ensemble pour créer une relation plus saine et plus équilibrée. La connaissance de ces styles d’attachement peut nous aider à reconnaître nos propres schémas de comportement, à guérir ensemble de nos blessures passées et à construire des relations fondées sur la confiance, la sécurité et le respect mutuel.