Les applications de rencontre ont révolutionné la manière dont les individus cherchent l'amour et les partenaires potentiels. Cependant, derrière cette facilité apparente se cachent des enjeux et des défis importants. Nous examinons ici les divers problèmes liés à l'utilisation de ces applications et les conséquences qu'elles peuvent avoir sur nos interactions et notre bien-être émotionnel.
1. Un rapport consumériste à l’autre
Nous expliquons ce point plus précisément dans notre article « les applications de rencontre nous déshumanisent-elles ? » Pour résumer les choses ici, les applications de rencontre peuvent amener leurs utilisateurs à considérer et à traiter les autres comme de simples produits de consommation. Les conséquences morales et psychologiques, notamment sur la manière dont les utilisateurs se comportent les uns envers les autres, ne sont pas anodines.
2. Le swipe entraîne le zappe
Selon une étude YouGov menée pour l’application de rencontre Once, 67% des utilisateurs d’applications de rencontre passent minimum 4 heures par semaine à swiper et chatter sur une ou plusieurs applications. Et 60% des utilisateurs passent moins de 30 secondes par profil avant de passer au suivant. Pour un utilisateur ne passant que 30 minutes par semaine à swiper, cela revient à plus de 60 profils consultés.
Pour un utilisateur swipant 30 minutes par jours, soit seulement 3h30 par semaine, cela fait minimum 420 profils différents consultés par semaine.
Ce rapport boulimique aux profils, associé au sentiment d’avoir accès à une infinité d’autres profils, entraîne ce qu’on appelle le " zapping relationnel " . Peut-être la faute au FOBO ambiant : Fear Of Better Option. On se dit qu’il y a toujours une meilleure option ailleurs, un nouveau match et un nouveau partenaire potentiel. Alors on ne s’engage plus. On envisage plus difficilement d’avoir une relation à long terme.
3. Les algorithmes de matching ne suffisent pas
Une étude critique menée par des chercheurs américains en 2012 (https://www.psychologicalscience.org/pdf/PSPI-online_dating-proof.pdf) considère que les algorithmes de matchmaking sont limités. D’après cette étude, ces algorithmes de compatibilité se fondent sur les données d’utilisateurs célibataires, interrogés avant la rencontre. Ils ne peuvent prédire comment réagiront ces utilisateurs lors de la rencontre elle-même. Des facteurs comme les patterns communicationnels, les capacité de résolution de problème et la compatibilité sexuelle, pourtant « cruciaux pour prédire le succès ou l’échec d’une relation » (https://www.nytimes.com/2012/02/12/opinion/sunday/online-dating-sites-dont-match-hype.html?_r=0), ne peuvent simplement pas être prédits par de simples algorithmes de compatibilité.
4. Discuter en ligne avant de se rencontrer : pas une si bonne idée
D’après une étude de 2014 (https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/jcc4.12101), le fait de discuter en ligne plus de 17 jours avant de se rencontrer en personne peut entraîner une grande déception lors de la rencontre réelle. Car, pour combler le manque d'informations sur notre partenaire potentiel, nous avons naturellement tendance à projeter sur lui des qualités que nous aimerions qu'il possède. Le simple fait que la personne que nous rencontrons n’ait pas ces qualités que nous avons imaginées, le simple fait qu’il ne corresponde pas à notre fantasme, fait qu’il nous déçoit forcément. De plus, le fait de discuter trop longtemps peut laisser penser à l’autre qu’on ne recherche pas vraiment à le rencontrer, ou bien que l’on a quelque chose à cacher.
5. Le profil utilisateur est forcément réducteur
Les applications de rencontres vous permettent en général d’avoir accès à des données « consultables » sur l’autre. Vous pouvez savoir son âge, son emplacement, si vous avez des points communs, sa religion, son orientation politique etc. Mais rencontrer quelqu’un ne se résume pas à consulter un ensemble d’informations objectives à son sujet. « Rencontrer », c’est aussi et avant tout faire votre expérience subjective d’une personne. Une personne est faite de qualités, de défauts. Chacun a son caractère, sa sensibilité, sa manière de réagir et d’être lui-même tout simplement. Un profil utilisateur ne peut vous dire cela. Seule votre expérience concrète et subjective de cette personne, avec sa part de ressenti subconscient et émotionnel, peuvent vous renseigner sur qui il est au-delà du profil utilisateur. Pour cette raison filtrer vos rencontres virtuelles en fonction des informations visibles dans le profil, c’est risquer de vous limiter, de vous couper de la découverte avec une personnalité bien plus riche que ne peut l’exprimer son profil utilisateur.
6. Le cas des harceleurs
Bien que les applications de rencontre mettent en place des mesures de sécurité, il existe toujours un risque potentiel de rencontrer des personnes mal intentionnées, ou même des harceleurs. 28 % des utilisateurs d’applications de rencontre disent en effet s’être déjà sentis harcelés sur une applications de rencontre. Dans le cas des femmes, cela monte à 42%...
7. Les rencontres sont trop rares pour certains
Passer du match à la rencontre dans le vie réelle n’est pas chose si aisée que cela. En octobre 2019, une étude de PEW (https://www.pewresearch.org/short-reads/2020/02/06/10-facts-about-americans-and-online-dating/) montrait qu’au moins un tiers des utilisateurs d’applications de rencontre ne rencontrent jamais leurs match. À la longue, cela peut devenir frustrant et diminuer l’estime personnelle, décourager plus globalement les utilisateurs dans leur recherche de partenaires amoureux.
Conclusion
Même si les applications de rencontre, on des mauvais côtés, elles répondent à un vrai besoin et proposent aussi de nombreux avantages et elles évoluent constamment.
Il est également important de choisir l’application de rencontre qui vous convient le mieux, parmi de nombreuse catégories.